De Arles jusqu'au col du Somport

Un concert sympa que ces trois hommes nous ont offert, le soir à Anoye. Merci Messieurs. L'extrait est trop court, je n'avais plus de place sur ma carte mémoire...

Pour vous situer un peu, Anoye était notre 24 ème étape sur notre chemin d'Arles, nous approchions de Pau.

 

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Notre chemin, depuis Arles jusqu'au col du Somport

Il est encore tôt ce matin du 7 avril lorsque nous entamons cette journée tant attendue, celle du départ. Tout est préparé, rien n'a été laissé au hasard. Il ne nous reste plus qu'à passer à la boulangerie, pour les sandwichs de midi. Un dernier coup d'œil à la maison, on ferme à clé la porte, on range la dite clé dans la petite pochette prévue à cet effet, il faudra essayer de ne pas la perdre ! Et c'est parti...Pour combien de temps ? On ne le sait pas exactement et on ne veut surtout pas le savoir, là, commence notre liberté. La distance à parcourir ? Quelques 800 kms, peu importe.

Cela commence par cinq kilomètres de marche pour rejoindre Ploërmel, là où nous prendrons le car qui nous conduira à Rennes. Le soleil est là, les oiseaux entament leur concert. Dès l'arrêt de car, notre look attire les questions. Si mon bâton me fait ressembler à une randonneuse, celui de JC, en houx, interpelle davantage. Le chauffeur de car nous passe «  à la question », il veut tout savoir. Nous ressentons déjà l'ambiance du chemin.

Puis c'est le TGV jusqu'à Lyon, le train jusqu'à Arles. Dès la descente du train, j'aperçois de magnifiques coquelicots sur les talus. Je sais que ce chemin sera superbe.

Il est 20h30. Renée, de l'association des amis de St Jacques, nous a promis de venir nous chercher à la gare. C'est Paul, sont mari qui nous attend. Il nous fait visiter la ville, en voiture. Un accueil chaleureux et de bons moments passés avec Renée et Paul. Nous voilà fin prêts pour commencer notre chemin.

Nous commencerons par longer la digue du Petit Rhône. Renée nous a prévenus : gare aux moustiques. D'ordinaire, ils arrivent début mai, mais là pour raison de temps exceptionnellement beau, ils sont déjà là. Merci, fallait pas venir exprès pour nous ! Les consignes sont claires : ne pas pique niquer à l'ombre car eux aussi viendront à table. Donc, malgré la chaleur, stoïquement, nous déjeunerons au soleil. On ne s'attarde pas trop, mieux vaut filer.

Le lendemain nous traverserons les vergers, chargés de fruits, surtout des abricotiers. Nous voyons également les premières vignes.

Plus tard, nous longeons le Vidourle puis traversons la garrigue, c'est splendide sous le soleil.

Nous décidons de rester toute une journée pour visiter Montpellier, quartier moderne, quartier ancien, jardin des plantes. Nous avons vraiment le temps d'avoir une belle vue d'ensemble de cette ville.

Pour sortir de Montpellier, il est conseillé sur les guides de prendre le bus. Ben voyons, nous, vous nous connaissez ? On se dit que cela ne doit pas être si terrible que cela de s'extraire de cette ville. Alors, après un café et un bon petit déjeuner, plan à la main, nous nous dirigeons vers la sortie de la ville....Il est un peu tard lorsque nous réalisons que, parfois, il faut écouter certains conseils et, en l'occurrence, c'était le cas ce jour-là ! Galère, galère. Avec les travaux pour le tram, on se retrouve rapidement au plein milieu de chantiers dont il nous est difficile de sortir...Plusieurs fois les ouvriers nous remettent dans la bonne direction, je n'ose dire sur le bon chemin car de chemin, il n'y a plus...Un certain moment, nous nous retrouvons à longer une quatre voies ( oui, je sais, c'est un tantinet dangereux!) et là, stupéfaction : de cette quatre voies, on découvre un sentier qui nous conduit au chemin !!! Excusez-moi, mais il est censé arriver d'où le pèlerin ? Mystère...Bref, nous nous hissons par ce sentier et notre galère est terminée, le chemin nous emmène sans aucun autre soucis vers Montarnaud, notre étape du jour. C'est là que nous ferons connaissance avec Peter, un anglais qui nous accompagnera jusqu'à Toulouse. Avec lui j'ai pu réviser mon anglais et découvrir, un peu, l'humour britannique...Nous partageons également le repas avec Thomas, un allemand, Walter, un anglais et Jean, un Québécois.

Toute cette belle équipe cheminera avec nous le lendemain. Ils découvriront tous une première règle du chemin : Sur le chemin, chacun est responsable de ses décisions, ne pas faire aveuglément confiance. Il fait beau, notre chemin est magnifique, chacun se détend. Peu à peu, JC et moi prenons un peu d'avance. L'ivresse du chemin sans doute nous empêche d'être tout à fait attentifs...Ni JC ni moi ne voyons ce tout petit sentier qui s'élève vers la droite, nous ne voyons pas non plus cette croix qui nous indique que nous sommes sur le mauvais chemin...Car nous n'avons aucune excuse, le balisage est super bien fait dans la région. Donc, nous emmenons tout notre petit monde, chacun nous suit avec une confiance illimitée...Nous débouchons sur une route et là, panique, plus aucune indication...Cela veut dire qu'on a raté quelque chose...Un cycliste me le confirme, le chemin a bifurqué, il y a déjà un certain temps...Tout le monde a bien retenu la leçon ? OK, alors, on continue, et soyez attentifs mes amis !!!

Il y aura St guilherm le désert avec, ensuite la belle montée sur un sentier tortueux, au milieu des pins et des genévriers. Nous faisons connaissance avec le vent d'autan qui nous accompagnera pendant une bonne semaine. Il est glacial. Nous traversons le parc régional du Haut-Languedoc, le chemin reste souvent sur les hauteurs. Je me souviens surtout de notre étape à Murat. Nous avons eu si froid que nous avons dormi tout habillé. Bon, positivons : le lendemain, on gagne du temps!

Il y aura beaucoup de chemins qui serpenteront dans les sous bois. Le balisage est parfois incomplet. La marque rouge et blanc, si facilement reconnaissable peut soudain disparaître, il suffit d'un arbre abattu et le pèlerin, déstabilisé, cherche sa voie...

Le soleil est toujours présent mais le vent est glacial. Jusqu'au jour où le propriétaire d'une chambre d'hôte nous dit, avec certitude : « Vous pouvez être tranquilles, avec ce vent, on n'aura pas de pluie. » Une vraie chance ! A peine quelques kilomètres plus loin, la pluie arrive, parfois violente et elle ne nous quittera pas de la journée. Le seul point positif, (car il y en a toujours un !) ce jour-là nous cheminons sur de petites routes, ce qui nous évitera d'arriver complètement crottés au gîte. Malgré tout, la dame qui nous accueille ne sait pas trop comment nous faire entrer...Nous sommes ruisselants, nous laissons de grosses flaques derrière nous. Seule chose qui m'attriste : Ce jour-là, j'avais mis ma pochette plastique dans la poche du poncho. Mauvaise décision : je retrouverais un amas de bouillie dégoulinant là où aurait dû se trouver quelques feuilles importantes. Dans cette pochette, j'y glisse le plan de l'étape du jour et, je ne sais pour quelles raisons (!!!), il y avait aussi la liste des numéros de tel de nos connaissances. Si j'ai pu les retrouver quasiment tous, grâce à ceux que j'avais mémorisé dans ma petite cervelle, malheureusement il y avait aussi ceux de mes deux amis Facebook, entre autre Loïc avec qui nous devions partager un pot en terrasse à Revel...

Les deux jours suivants, le soleil est revenu mais l'orage menace. Comme de vrais veinards, nous aurons à chaque fois le temps d'arriver avant que le ciel ne se déchaîne. Cela ne sera pas le cas pour nos collègues...

Après Castres, Revel, nous longerons pendant un temps la rigole, conçu par Pierre paul Riquet pour alimenter le canal du midi. Avec toute cette pluie qui nous a précédés, à Montferrand, on nous conseille de ne pas prendre le chemin qui serait impraticable après toute cette pluie. Nous suivons donc le canal du Midi pour arriver jusqu'à Toulouse. Un parcours tranquille, reposant.

Nous décidons de passer toute une journée pour visiter Toulouse. Cela en vaut la peine, la ville rose est magnifique. Nous en sommes à peu près à la moitié de notre parcours. Ici, à Toulouse, nous perdons la totalité de nos connaissances. Seul, Walter, l'anglais, doit être à une demi étape devant nous. C'est par pur hasard que nous le reverrons à Canfranc, je vous en reparlerai plus tard.

Après deux soirées passées dans un cadre familial, nous reprenons notre chemin, toujours direction l'ouest puisque finalement ce n'est que à la hauteur d'Oloron Sainte Marie que nous plongerons vraiment vers le sud. Nous traversons la campagne gasconne. A Gimont, nous passons le cap des 500 kms. Est ce seulement un symbole ? Toujours est-il que JC et moi avons un vrai coup de pompe. Pas moral, non, mais physique. Ce jour-là, nous avons dû opter pour un hôtel. Est ce le fait d'être dans des conditions optimales pour le repos, je ne le sais pas mais cet après midi là nous plongeons tous les deux dans une sieste comateuse...Allez, on se motive et...C'est reparti.

Il arrive parfois sur ce chemin des rencontres extraordinaires qui vous laisseront des souvenirs sans prix. Ce dimanche-là, nous rattrapons trois randonneurs, de ceux que gentiment nous qualifions justement de «  randonneurs du dimanche ». Pour quoi «  du dimanche » ? parce qu'ils voyagent léger, on voit qu'ils sont de la région, ils font une petite balade apéritive. Bien sûr, on échange quelques mots, nous adoptons leur rythme...Peu à peu, ils adoptent le nôtre. Les langues se délient, les pieds s'activent, le temps passe, les kilomètres défilent...Jusqu'au moment où, incrédules, ils s'aperçoivent qu'ils sont vraiment loin de chez eux et que, désolés, ils doivent faire demi tour. Photo souvenir, accolades et chacun poursuit son chemin...

La traversée du Gers nous a enchantés. J'ai adoré ses couleurs. À Auch, nous resterons très longtemps à discuter avec André, le gardien de la cathédrale. Il est des instants qu'on aimerait prolonger...Mais l'orage menace et nous devons jouer la sécurité pour tenter d'arriver à l'étape avant que le ciel ne se déchaîne..

Nous arrivons maintenant en terre Béarnaise. Pour la première fois, devant nous, et encore assez loin, nous apercevons la barrière des Pyrénées. À petit pas, certes, mais chaque jour, nous pourrons nous rendre compte que nous approchons.

C'est à Anoye, que je connaitrais un autre moment fort de ce chemin. C'est ici, sur le livre d'or que je trouverais un petit mot qui m'est adressé personnellement. Et oui ! Nicole, une amie virtuelle, m'a devancée d'un bon mois et a parsemé ses étapes de petits mots pour moi...Je n'ai trouvé que celui ci mais il m'a fait vraiment plaisir...Anoye est une petite commune de 148 habitants, je crois. Pourtant le gîte communal est de haut niveau, tant par son confort que par l'accueil des bénévoles. Et le soir, attirés par de magnifiques voix, nous sortons tous ( nous sommes 7 ce soir-là). Il s'agit de trois hommes, sortis chanter, simplement pour se faire plaisir. Nous nous approchons en silence, comme envoutés. Ils nous font le plaisir de chanter quelques unes des chansons de leur répertoire, c'est magique. Leurs trois voix s'emmêlent, se superposent comme autant d'instruments, avec grâce. Merci messieurs.

Notre chemin nous fera passer à la Commande..;Vous connaissez ? Non ? Alors, pour vous situer un peu, je vous dirais que c'est là que j'ai pu découvrir et déguster le Jurançon. Bon, d'accord, peu en rapport avec le Chemin, mais comme le dit si bien mon JC, on est là AUSSI pour se faire plaisir !

On arrive ensuite à Oloron sainte Marie, capitale du Haut, Béarn, porte d'entrée des Pyrénées. À partir d'ici, nous plongeons vraiment vers le sud. Somport, nous voilà ! Nous empruntons cette magnifique vallée d'Aspe avec ses villages typiques, les traversées de troupeau, nous longeons le gave. À Sarrance, nous logerons dans le cloître, avec l'accueil extraordinaire du Père Joseph. Je garde le souvenir d'échanges amicaux, en toute simplicité et...Le verre de Jurançon qu'il nous a offert !!!

Un peu de déception dans les kilomètres des dernières étapes. En effet, la vallée, étroite, semble réservée aux seuls voitures et camions. Le piéton et le cycliste n'ont plus qu'à se résigner à prendre le bus ou...oser prendre leur place, la route, étant par définition «  pour tout le monde ». Pas question pour nous de prendre le bus d'autant que la balade est magnifique. Nous nous contentons simplement d'accélérer le pas au maximum lorsque nous devons emprunter le bitume. L'ascension est assez physique mais quel régal pour les yeux... Et puis, là haut, la satisfaction d'être arrivée là où je voulais aller. Opération réussie, le but est atteint, le Somport est à nos pieds...

 

Tous nos compagnons...

Il y a eu Peter, l'anglais, Thomas l'allemand, Walter, le suisse et Jean, un Québécois. Puis Valérie et Fabienne nos deux ex du PSG, équipe de France féminine. Nous les avons tous quitté à Toulouse.

Yvette et Gilbert que nous avons rattrapé avant Monlezun avec qui nous avons partagé l'étape de Anoye et de La Commande. Marie Rose et Marie, également présente à Anoye, plusieurs étapes en leur compagnie...

 

À propos des gîtes municipaux ou paroissiaux

Avant de partir, j'avais bien sûr essayé de recueillir un maximum d'informations quant aux possibilités d'hébergements. Beaucoup de ces gîtes, municipaux ou paroissiaux, n'ont pas trop bonne réputation et cela me désole. Ils ont le mérite d'exister et en cela, je n'ai jamais oublié de remercier la municipalité qui nous accueillait. Pour avoir connu l'an passé de grosses galères ( en Bretagne), pas de possibilité d'hébergement, se voir obliger de faire 5 à 6 kilomètres hors chemin pour trouver une chambre d'hôte qui coutait fort chère etc. Tout cela nous a rendu humbles et peu exigeant. Un lit et un point d'eau, c'est bien et suffisant.

Je pense,par exemple, au gîte de Monlezun où Gérard a quitté son travail pour venir nous ouvrir la salle des fêtes. Un grand espace rien que pour nous. Pas de douche, OK, nous avons su nous laver tout de même. Un lit pliant, certes, nous dormirons mieux demain.

Qu'ils soient simples ou luxueux, bien conçus ou peu pratiques, neufs ou un peu délabrés, nous avons toujours été contents de les trouver. Et que dire de ceux qui ont la réputation d'être sales ? Nous en avons rencontrés, oui, cela existe. Mais combien de pèlerins font un minimum de nettoyage ? Lorsque cela s'est présenté, fort peu souvent en vérité, nous avons sorti balai, serpillères et éponges et avons rendu l'endroit correct...Tout simplement. Qui les avaient sali, sinon des pèlerins ?

Merci aux municipalités et aux paroisses...

 

 

Les difficultés du français

Walter, à Saint guilhem le désert, cherche sans succès le désert, pardon le dessert...Et oui, une lettre de plus ou de moins, cela change tout.

Peter, lui, a dormi dans une abbaye. Le lendemain il me montre des abeilles. Je lui dis : abeille. Non, non, me répond -il. Et oui, lisez bien : abbaye, pourquoi ne prononce-t-on pas comme paye ? Pas logique tout ça...

 

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