Extraits de mon récit " Pas à pas de Séville à Santiago

 RECIT

Sans doute la photo qui servira pour la couverture du récit

 

Parution au cours de l'été...

 

 

Première page :

 

Va pèlerin, ne t'arrête pas, poursuis ton chemin.

Tu as fait le pas le plus difficile. Ce premier pas où tu as décidé de partir. Tous les suivants t'emmèneront là où ton cœur le décidera. Où que tu ailles, le bonheur est en Chemin. Rien ne t'arrêtera, ni la fatigue, ni la douleur... Tu puiseras ta force dans chacun des petits cadeaux que te fera le chemin. Un sourire, un mot, une main tendue. Quelle que soit ta quête, tu laisses dans ton sillage des étincelles de bonheur... Ceux que tu croises, ceux qui ne peuvent pas partir les récoltent et les dégustent. Arrêter de marcher serait arrêter de les distribuer … Tu marches pour toi mais avec la grâce et pour les autres... Que ton chemin soit beau...

 

 

Un des poèmes écrits par JC... Nous avons dédié ce chemin à Valentin, 12 ans

 

 

Un chemin entièrement dédié pour toi Valentin

 

Balade pour Valentin 

Prendre Valentin par la main,

Pour un lendemain plus serein

Une vraie et Belle guérison.

Qui le ramènera à la maison 

Mais avant le retour glorieux 

Il y a un combat furieux 

Un crabe à écraser 

Une bataille à gagner.

Point par point

Seul avec ses poings

Sortir cette horreur.

Un combat s'engage 

Tous l'encourage

Le crabe mord, croque

La médecine rétorque

Ses pinces tombent, fondent

Pour lui c'est l'hécatombe 

Il n'a plus de ressort 

Ce soir le crabe est mort !

Sur la route de la vie

Une bonne fée sourit

Et guidera Valentin 

Vers un beau destin. 

 


JC

Notre troisième étape, en direction d' Almaden

Il est 10h30 lorsque nous pénétrons dans le parc naturel de la Sierra Norte. Il nous reste encore 14 kilomètres à parcourir mais ils seront magnifiques. Nous profitons de la fontaine des Bomberos pour remplir nos bouteilles d'eau fraîche. Il n'y a aucune possibilité de ravitaillement sur ces 29 km de chemin. Et ce jour je comprends pourquoi ce chemin-là sera très certainement pour moi un des plus beaux que j'ai eu l'occasion de parcourir. C'est un chemin très dépouillé, loin, très loin de la société de consommation. Très loin aussi de ce Camino Frances, ce chemin le plus emprunté par les pèlerins. Ici, pas de bar, pas d'hébergement tous les cinq voire dix kilomètres. Pas de hameau à traverser. De nombreuses fois, nous partirons avec le nécessaire pour la journée, en eau et alimentation. Il faut être autonome, ne rien attendre car rien ne se présentera sur le chemin. On aime ou pas, moi, j'ai adoré.

Encore une journée où le soleil est là, avec un super ciel bleu. Une petite bise nous accompagne ce qui fait que la chaleur est très supportable.

Un pèlerin italien, Jean Louis, nous rattrape et nous discutons un peu (merci à lui qui parle un peu français) les kilomètres défilent plus vite. Il s'éloigne ensuite.

La balade est belle, chêne liège et eucalyptus nous apportent de temps à autre un peu d'ombre. Nous entendons le coucou pour la première fois. C'est un oiseau qui nous amuse toujours. Nous aimons bien l'entendre le matin, un peu comme s'il s'adressait directement à nous pour nous saluer. Bien sûr, nous lui répondons.

Je me suis préparée psychologiquement car le guide Lepere nous a prévenus " le chemin est assez éprouvant et après 27 de kilomètres de marche, vous devrez gravir, dans un ultime effort, la pente très raide d'une montagne". Ça fait un peu peur, non ? 

Donc, de loin, nous le voyons arriver ce sentier qui grimpe très fortement. Non ? Il ne vont pas nous faire ça ? On ne va pas là haut ? 

Si ! Bon, cela grimpe très dur, en effet, mais cela reste possible, bien évidemment. Mais... J'ai une crainte : avec le poids du sac à dos qui m'entraîne vers l'arrière, la fatigue aidant, je crains tout simplement de repartir en arrière, redescendre en courant ce que j'ai tant de mal à grimper.

C'est bête , hein ?

 

Par prudence, JC reste derrière moi pour retenir le convoi au cas où.

 

Petits moments sympas, un peu en vrac

17 ème étape : Je vous raconte comment en général se passe nos arrivées dans les villages parce que nous cela nous plaît bien... imaginez... Il fait très chaud. Nous avons le chapeau vissé sur la tête. Nous sommes poussiéreux... nos pas résonnent dans le village... Les magasins sont fermés, les volets des maisons sont clos. Nous progressons, seuls au milieu des ruelles désertes ... cela ne vous fait pas penser à quelque chose ? Parce que nous, nous avons toujours l'impression d'être au milieu d'un Western !

C'est génial. 

 

 

18 ème étape : Un petit moment de détente : Lorsque JC revient après avoir été faire nos emplettes alimentaires, j'ai toujours cette impression d'être devant un explorateur qui étale son tableau de chasse.

Ce jour, donc, il étale sur le lit les trésors qu'il a déniché. Je regarde et je m'écrie «  Prends soin de cela, ce sera la carte de Robert » ! Il s'agit d'un paquet de purée déshydratée qu'il a prise pour le jour où on aura une cuisine. L'emballage est en carton qui, effectivement, nous servira, après quelques manipulations, de carte postale.

 Ce chemin est, je l'ai écrit, très dépouillé. Depuis presque deux semaines nous cherchons deux cartes pour des anniversaires à venir. Impossible de trouver ce genre d'article dans les petites épiceries de village. Notre imagination doit donc combler ce manque.

 

21ème étape

Petite anecdote souriante : JC est un maniaque des portes fermées à double tour. Alors, comme d'habitude, dès notre entrée dans la chambre, il ferme.

Vers les 18 h30 il se prépare pour partir à la chasse et trouver notre pitance. Mais ??? Impossible de ré-ouvrir cette fichue porte ! Nous sommes bel et bien enfermés !

Nous sommes au premier étage. Se prenant pour Zorro ou le digne successeur de Mac Gyver, il décide de tenter de sauter du balcon... mais ça va pas, non ? Je le ramène à la réalité : la souplesse et la jeunesse sont des trésors qui s'épuisent. Il ne faut peut-être pas aller à la rencontre d'une cheville cassée voire pire.

Donc, du balcon, il tente d'attirer l'attention de quelqu'un. Ah ! Un senior qui arrive ! Et là, moi je suis morte de rire ! Parce que pendant que JC tente avec les 20 mots d'espagnol qu'il connaît d'expliquer la situation, moi j'ai bien reconnu l'homme et... c'est un Français ! Bref, il comprend notre souci et envoie quelqu'un pour nous délivrer !

 

Il n'y a pas à dire, on vit vraiment de grandes aventures !

 

36 ème étape 

Je savais que j'avais encore un petit truc à vous raconter sur cette journée.

Cela vient de me revenir.

Nous sommes à la sortie d'un hameau. Sur le bitume nos pas ne font guère de bruit et nous devions être silencieux à ce moment là. Sans doute car...

Je débouche à un coin de rue et... quoi ? Une demie seconde avant mon passage, une dame lance (avec force) le contenu de la gamelle de son chien. Avec cette pluie, la gamelle devait déborder d'eau !!! Interloquées l'une et l'autre, il y a une seconde de silence avant nos éclats de rire... j'imagine assez bien ce qui aurait pu m'arriver.

 

Déjà qu'il pleut, pas besoin d'une douche !

 

Les derniers mots

En ce qui concerne le bonheur d'être sur le chemin, mes mots sont insuffisants pour exprimer cela. Ici ou là une phrase est glissée, certains sauront y débusquer le bonheur caché derrière les mots... Ce sont des instants qui se vivent, des moments qui se dégustent.

Le mieux pour comprendre cela c'est peut-être de constater qu'un pèlerin parcourt rarement un seul chemin. J'ai coutume de dire que partir sur le chemin est devenue une sorte de maladie dont je ne veux surtout pas guérir...

 

Il me faudrait aussi parler sans doute de ce qui me restera de ce chemin en particulier. Peut-être est-ce trop tôt, peut-être est-ce trop simple. Juste envie d'écrire : je l'ai aimé parce que j'y étais à ma place et que ce chemin-là me correspondait tout à fait.

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Commentaires: 4
  • #1

    Chinou (lundi, 19 juin 2017 18:01)

    Oui, Mony, tu as raison autant dans tes premiers que dans tes derniers mots. Le peu de chemin que j'ai parcouru a laissé en moi ue trace indélébile. On ne sort pas indemne d'une telle démarche psychologique, physique, culturelle amicale etc....Ce vécu nous aide à avancer.

  • #2

    Mony (lundi, 19 juin 2017 18:47)

    Merci de ton passage Chinou...
    Oui, je ne sais pas toujours pourquoi je repars... Pourquoi le corps mais surtout l'esprit en redemande, toujours... Pourquoi ? Je n'essaie plus de répondre à cette question. je me souviens juste du bonheur d'être sur le chemin... j'oublie le reste... car, oui, le physique en prend un coup... Enfin surtout quand un corps comme le mien présente des faiblesses assez importantes... toujours aller chercher au fond de ses réserves pour arriver à la fin de l'étape... Mais tout cela n'est rien à côté de tant de bonheur que je ne saurais expliquer, encore moin s partager...

  • #3

    Chinou (lundi, 26 juin 2017 12:05)

    Tu ne saurais pas partager ce bonheur ? Ne le fais tu point en nous en livrant un peu ici sur tes pages ? Je ne sais pas vivre le bonheur sans en éclabousser les autres.

  • #4

    Mony (mardi, 27 juin 2017 08:03)

    Coucou Chinou... oui je partage mes récits, je présente toutes mes photos et je sais que beaucoup ont eu un peu l'impression de parcourir ce Chemin en ma compagnie... et oui, je l'ai écrit le pèlerin laisse dans son sillage des étincelle de bonheur...
    Mais l'intensité de notre bonheur, celui de tout pèlerin, est difficile à expliquer... en tous les cas , moi j'ai du mal... sans doute pour cela que les pèlerins forment une sorte de famille et qu'ils prennent tant de plaisir à se retrouver... mais comme toute activité, je pense... on aime retrouver nos semblables, qu'elle que soit notre sport, notre passion...