Les béquilles de Chloé ... Les béquilles dans notre vie...



C'est fou comme un simple objet peut en dire long sur nos comportements. Nous avons récupéré notre petite fille alors qu'on lui avait ôté depuis quelques jours son plâtre à la jambe. Elle ne posait pas du tout son pied car " elle avait trop mal. " Elle continuait donc à se servir de ses béquilles, gardant ce confort relatif et rassurant. D'un autre côté, elle était désespérée car dans quinze jours elle doit faire un stage d'équitation voltige. Après nous être assurés que ni la radio ni le corps médical n'avait détecté de souci, qu'elle n'avait rien, nous avons décidé de prendre une décision extrême : nous lui avons supprimé ses béquilles. Je lui ai dit que je préférais qu'elle ne fasse que quelques pas par jour mais qu'elle les fasse seule, quitte à s'aider des murs ou des meubles. Je l'ai juste soutenue pendant quelques minutes,  pour ses premiers pas. Pour qu'elle reprenne confiance, pour qu'elle se rende compte que ce n'était pas impossible.  Bien sûr, au début elle ne posait pas complètement son pied, elle a boité un peu. Ce pied mis au repos pendant quatre semaines devait réapprendre à travailler et il se faisait un peu tirer l'oreille. Mais dès le lendemain, Chloé me demandait d'aller faire un petit tour dans le village. Trois jours plus tard, elle marche quasi normalement.

Il en est dans la vie comme ces béquilles. Une béquille ne doit être utilisée que ponctuellement. Pas plus longtemps que nécessaire. Le but étant de réussir à s'en passer, redevenir autonome.

Ne pas être, ne pas devenir pour quelqu'un une béquille qui s'utilise sur du long terme. Lorsqu'un ami, un amour, rencontre une difficulté, aussi grave soit elle, on peut le soutenir, lui apporter notre aide. On peut le rassurer, lui démontrer qu'il peut y arriver. Mais le but étant de le remettre debout, qu'il retrouve son autonomie, pas qu'il continue à s'appuyer sur nous, par facilité, par manque de courage. Il n'y a pas de personne fragile, faible, il y a des personnes qui, provisoirement sont affaiblies, aidons-les, un peu. Et il y a les autres, celles qui ont fait le choix de ne pas être fortes... Evitons-les.

À l'inverse, ne pas non plus se servir d'un ami/amour comme d'une béquille. Par peur de la solitude, par confort financier, pour toute autre mauvaise raison...

D'autres béquilles existent, telles les béquilles chimiques. Elles nous donnent si bien l'illusion que tout va bien tout en nous maintenant dans une dépendance nous privant de toute autonomie.

Dès que possible, posons nos béquilles et redressons-nous.

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Commentaires: 2
  • #1

    gitantroubadour (samedi, 11 juillet 2015 06:54)

    Il y a les béquilles provisoires, comme celles de Chloé, et puis il y a les "béquilles" qui nous rendent la vie plus douce, plus facile, que ce soit une personne ou une béquille chimique comme tu dis, rien ne nous oblige à les garder à vie on peut en changer en cours de route.......... Il y a des gens qui ont choisis de vivre seuls, ils vivent en binôme avec la solitude, c'est une espèce de béquille aussi. Souvent les béquilles vont par deux et dans ce cas on parle de trinôme mais je vais arrêter là car je risque de m'égarer............ (sourire)
    Je te souhaite un bon week-end, Bisous !!!!

  • #2

    Mony (dimanche, 12 juillet 2015 16:58)

    Merci pour cette longue réponse... Je vais essayer de ne pas trop m'égarer également ...
    Il y a pour tous des moments où avoir des béquilles est nécessaire mais il faut toujours tendre vers le moment où on pourra s'en passer. Je ne parle pas bien sûr de personnes souffrant de handicap pour qui les béquilles sont indispensables. Voilà pour le sens propre de mes propos.
    Pour le sens figuré, je trouve d'une infinie tristesse lorsqu'on inclus ces béquilles en amour ou en amitié. Là encore, je précise bien, il faut soutenir, encourager, être là lorsqu'un ami/ amour rencontre une difficulté.... L'aider à se remettre debout... Donc oui pour une aide ponctuelle . Répondre présent, oui, mais faire en sorte qu'il arrive à se remettre debout, sans nous. Un peu comme pour l'éducation de nos enfants finalement : leur montrer le chemin, pour qu'ils puissent avancer seuls, sans nous. Ce qui ne nous empêche aucunement de rester le phare pour les tempêtes...
    Mais inclure des béquilles dans une relation .... ? Être une béquille pour quelqu'un ou avoir besoin d'une béquille n'est pour moi ni de l'amour ni de l'amitié ...c'est maintenir l'autre ou se maintenir dans une sorte de dépendance qui peut être rassurante pour l'un, presqu'un pouvoir de domination pour l'autre ... Se sentir utile voire indispensable ... Pour une vie plus douce, réconfortante ? Vraiment ? L'amitié, l'amour pour moi est échange. Mais... Chacun sa façon de voir...
    Bisous à toi