Le vrai prix des choses

Ce que l'on apprend sur le chemin...

 

 

Le rapport avec l'argent est une notion très personnelle, chacun ayant sa propre relation, suivant ses idées mais aussi suivant son budget. J'ai parfois vu passer des petits commentaires humoristiques du style : " Il est plus facile de pleurer dans sa Mercedes que dehors sous la pluie". Bien évidemment. Pour autant, l'argent résout-il tout ? Bien sûr que non.

La vraie valeur des choses nous est souvent donnée lorsque cette chose vient à nous manquer. Sur le chemin, j'ai pu le constater de nombreuses fois. Il suffit de voir avec quel sérieux le pèlerin prend soin de ses affaires, du contenu de son sac. Nous prenons tant de soin à n'emporter que l'utile, l'indispensable... Alors, si on égare quelque chose, ce quelque chose va nous manquer, forcément. Tu oublies ta brosse à dents ? Il te faudra peut être attendre deux jours, voire plus pour trouver une petite épicerie qui t'en proposera une autre. Une brosse à dents ne coute pas cher mais les billets de ton porte-feuilles ne te serviront en rien, si tu traverses une zone sans épicerie ou point de ravitaillement... J'ai choisi l'exemple de la brosse à dents parce que c'est un objet unique et que personne ne pourra t'en céder une. Bien sûr, si tu n'as plus de pansements ou un article de ce genre, tu trouveras toujours un pèlerin qui te dépannera, sans soucis.

Que vaut ton argent, au milieu de la Meseta, s'il fait très chaud et que ta bouteille d'eau est vide ?

Le prix d'une baguette est dérisoire. Pourtant, quand un duo de jeunes femmes, très tôt le matin, nous a subtilisé cette baguette, je les ai maudites. C'était un hameau sans ravitaillement, et le matin nous avons dû marcher deux heures par moins cinq degré, le ventre vide, avant de pouvoir trouver "un truc à manger"... Alors, oui, une baguette coute moins d'un euro...Mais ce jour-là, pour moi, elle avait une valeur inestimable...

Sur le chemin, il y a aussi tous ces petits gestes qui nous vont droit au cœur, par l'importance qu'ils ont à nos yeux. Des riens. Une soupe chaude offerte un soir où nous arrivons trempés comme...une soupe, après avoir marché toute une longue étape sous une pluie battante. J'ai l'impression de ressentir encore cette chaleur qui inondait tout mon corps en dégustant cette soupe. Cette boisson fraîche, délicieusement parfumée à la violette, offerte au soir d'une étape difficile et où j'avais vraiment souffert de la chaleur.

Cet homme qui spontanément nous conduisit au bureau de poste, situé hors de notre chemin, 6 km aller retour. En voiture, cela représente à peine dix minutes, à pied, pour nous, c'était une heure et demie de marche supplémentaire...Là-bas, nous devions y trouver une lettre contenant un vrai trésor : les photos de notre petite fille qui venait de naître. Merci encore à cet homme dont nous ne savons même pas le prénom...

Le chemin nous fait découvrir ou, plutôt, redécouvrir, le vrai prix des choses...

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